Ce n’est pas propre aux vêtements vintage, nous mémorisons certains évènements ou certains personnages grâce à leur tenue vestimentaire. On oublie trop souvent que l’une des principales fonctions de l’habit est la mémoire…
Les vêtements nous aident à nous rappeler, ils participent à la construction des souvenirs. C’est bien pour cela qu’on se marie dans une tenue très particulière, une robe extraordinaire qu’on utilise généralement qu’une seule fois.
D’ailleurs, une question me taraude depuis ma dernière revue des tendances printemps été, au sujet des robes… Il y en a de tellement de sortes, de formes et de matières différentes ! Un pantalon, à quelques petites choses près, reste un pantalon. Le look restera significativement le même quel que soit le pantalon. La robe, elle, peut transformer totalement la silhouette selon sa forme et sa longueur, ses manches, son encolure…
Je me suis donc demandée si une robe, par nature, pouvait réellement se démoder. Chaque collection proposée à chaque saison regorge de tellement de versions différentes ! Il est presque certain qu’une robe vintage datant des années 60 puisse être similaire (de près ou de loin) à au moins l’une des robes proposées sur le podium en 2020.
Alors est ce qu’il y a vraiment des robes qu’on ne peut plus porter au risque de passer pour une vraie ringarde ? Pas sûr. Pour en avoir le coeur net, je suis allée voir les robes du moment chez La Redoute afin de visualiser le panel des différents modèles proposés (multi-marques) et de voir s’il y a une ligne directrice très “ancrée dans l’air du temps”. Je constate que ce n’est pas si évident que ça, comme si toutes les robes étaient finalement assez intemporelles et caméléons, capables de s’adapter… Voyez les robes qui dorment au fond de votre placard, elles ne sont peut être pas aussi démodées que vous le pensez !
Et puis je me suis dit que je philosophais un peu trop, et qu’il valait mieux que j’arrête de me poser tant de questions ! En tous cas, ce qui est sûr, c’est que certaines robes (devenues vintage aujourd’hui) ont fait naître de véritables mythes qui resteront à jamais gravées dans l’histoire. J’ai tenté d’en faire la liste ici…
1- La petite robe noire ou la légende de Coco Chanel
La première petite robe noire de Gabrielle Chanel apparait dans le magazine Vogue en . A ce moment là, la robe a des manches longues, une encolure ras du cou et s’arrête au genou. Elle est surnommée par le magazine « la Ford de Chanel » du fait de sa simplicité. Simple mais scandaleuse pour l’époque car elle est courte et le noir est réservé aux veuves et aux domestiques.
On la verra se démocratiser sous plusieurs formes notamment grâce aux plus grandes icônes du cinéma. Qu’il s’agisse de Catherine Deneuve en robe Yves Saint Laurent dans Belle de Jour de Luis Buñuel (1967) ou Audrey Hepburn en robe Givenchy dans Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards (1961), elles ont toutes porté une mythique petite robe noire.
2- La robe blanche vintage et légendaire de Marilyn Monroe
Lorsque Sept ans de réflexion, le film de Billy Wilder sort en 1955, le charme de Marilyn Monroe opère aussitôt. Avec ce film et ces images de tournage mythiques, l’Américaine acquiert son statut d’icône vivante. Dans la scène concernée, les comédiens s’arrêtent au-dessus d’une grille d’aération de métro et le souffle d’air chaud soulève la robe de Marilyn. C’est ainsi qu’avec une seule et unique scène, l’actrice alors âgée de 29 ans entre dans la légende. Cette robe de cocktail blanche créée par le costumier William Tavilla, est alors surnommée la “subway dress“. Cette forme de robe est désormais résolument vintage.
3- La robe trapèze Courège ou le mythe de la libération féminine
A cette époque (1965), la forme géométrique et architecturale de cette robe donne à la femme une allure minimaliste et futuriste. Elle prend le contre-pied des silhouettes plus apprêtées de la décennie précédente. Elle devient un mythe car elle ose libérer les hanches et surtout dévoiler les jambes au-dessus du genou.
Elle va véritablement accompagner le mouvement de libération des femmes à cette période. Yves Saint-Laurent disait lui même que la mode ne sera plus jamais la même suite à « l’explosion Courrèges ». La robe trapèze sera portée par toutes les icônes chic de l’époque et notamment par le top modèle Twiggy. Ce modèle n’a pas pris une ride et ne donne pas nécessairement un look vintage.
4- La robe portefeuille DVF ou le mythe du power dressing au féminin
La robe portefeuille fait son apparition dans les années 1930 avec la créatrice italienne Elsa Schiaparelli. Mais elle ne se fera vraiment remarquer qu’en 1974, quand la designer Diane von Fürstenberg la remet au goût du jour.
Elle devient alors très populaire car dans l’ère du temps et répondant parfaitement aux attentes des femmes à cette période. Les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail et elles ont un besoin grandissant de vêtements confortables, pratiques et féminins. Cette robe devient alors l’idéal avec son jersey de soie infroissable, sa coupe à la fois valorisante et suffisamment couvrante pour exercer son activité. D’une légende vintage, cette robe s’est installée ensuite dans nos penderies pour devenir un modèle intemporel.
5- La robe vintage Mondrian ou le mythe de la révolution artistique
La robe Mondrian est dessinée en 1965 par Yves Saint Laurent. A cette époque Mondrian n’est pas encore très connu et il ne s’agit pas d’une collaboration. St Laurent travaille seul à assimiler le travail de l’artiste et à en faire sa propre interprétation textile. Cette robe est alors qualifiée de révolutionnaire par la presse car la robe pouvait véritablement se regarder aussi comme un tableau. Pour y parvenir, le créateur invente notamment une technique assez sophistiquée pour que les bandes noires soient cousues sans que la démarcation ne se voie. L’une de ses couturières confie à l’époque que “c’est une sorte de patchwork mais incrusté, beaucoup plus compliqué à faire qu’une robe entièrement brodée”.
Cette robe vintage est devenue mythique tant elle a été copiée à travers le monde et inspiré d’autres oeuvres d’art. Et surtout, elle a permis de populariser le peintre néerlandais, qui fut l’un des pionniers de l’abstraction.
6- La robe métallique à facettes de Paco Rabanne ou le vintage futuriste
Cette robe est devenu un véritable mythe dans l’histoire de la Mode. En 1966, cette innovation d’inspiration industrielle et sa matière surprenante interrogent et dérangent. Elle rompt froidement avec les codes couture de l’époque.
Pourtant, elle va très rapidement plaire aux grandes stars de l’époque telles que Brigitte Bardot ou Françoise Hardy (ici photographiée par Jean Marie Perrier). Cette dernière portera d’ailleurs une mini-robe en tenons d’acier vernis pour Paris-Match en 1968. Les pièces à la fois vintage et avant-gardistes sont toujours fascinantes…
7- La robe sulfureuse de Mireille Darc et le mythe de la cambrure
On se souvient tous de cette robe au tombé époustouflant portée par Mireille Darc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire d’Yves Robert (1972). Cette robe de Guy Laroche restera à tout jamais un mythe gravé dans l’histoire de la mode grâce à son contraste à la fois classe et provoquant : une robe longue noire ultra minimaliste et son échancrure indécente à l’arrière. Certainement la cambrure la plus emblématique du cinéma français ! Sacrément audacieuse pour une robe vintage…
8- La robe vintage Tehuana de l’artiste mythique Frida Khalo
Frida portait ce type de robe longue et colorée (inspirée du costume traditionnel Tehuana) à la fois pour son attachement au patrimoine culturel de son pays mais aussi pour des raisons médicales. Elle trouvait dans cette tenue une sorte de seconde peau qui lui permettait de camoufler ses infirmités (le bas de son corps ayant été très accidenté) tout en affirmant son identité. J’adore son allure vintage si singulière et charismatique.
9- La robe blanche de Sharon Stone et le mythe du jeu de jambes
Aucune génération n’ignore cette scène brûlante merveilleusement bien jouée par la sublime Sharon Stone dans Basic Instinct (1992). La robe courte 3 trous blanche à col roulé, épurée et élégante laissait toute sa place au charisme envoûtant de la comédienne. Ou comment créer le mythe fantasmagorique de la robe portée sans culotte…
Bonsoir Loren,
Merci pour cet article, c’est toujours avec plaisir que je navigue sur ton blog.
Je pensais à la robe de Madonna dans le clip “La Isla Bonita” 😉
Bonne soirée!
Salut Carine, c’est très gentil ! En effet, c’est une super robe mythique qui vient s’ajouter à la liste ! Quel enfant des années 80 n’a pas encore l’image du clip dans la tête… Bien joué 🙂
La robe rouge de Julia robert sur Pretty women je pense ?
Aaah ouiiii ! bien vu ! 🙂